Vivre

Maintenant c'est ma mère qui vit à l'intérieur de moi. Elle me donne son courage, son optimisme, son énergie, elle m'ouvre le coeur et me rend moins égoïste. Je me sens transformé. Merci à toi maman.

Trop souvent je m'aperçois que je me déçois . Dégoût de soi. D'être aussi faible, lâche, égoïste . Si peu courageux.
Culpabilité d'avoir agi comme j'ai agi. Regrets. Honte.
Ces moments de lucidité où je regarde avec effroi ce que je suis devenu. L'ombre de mon père. Je suis devenu mon père. Celui qui me dégoûtait tant quand j'étais jeune. Comme enfermé à l'intérieur de lui. On m'a jeté un sort ? Enfermé vivant à l'intérieur de mon père. J'entends sa voix, mais c'est moi qui parle avec sa voix. Ses gestes, ses colères. Sa bêtise.
Comment sortir de cet enfer ? Je ne veux plus être lui. Je veux redevenir celui que j'étais.

- Tu écris toujours ?
- Non, ça m'est passé, ça correspondait à une époque de ma vie...je me croyais doué, et maintenant je sais que c'était une illusion.
- Tu as besoin de croire que tu es doué pour écrire ?
- ça me stimulait, je croyais avoir trouvé ma place par l'écriture, mais c'était toujours pour plus tard, car en fait je n'écrivais pas beaucoup...Cette croyance que j'étais doué pour l'écriture, c'était une échappatoire face à cette difficulté de trouver ma place dans ce monde, dans cette société, dans cette famille, dans cette vie et parmi les autres. J'ai surtout écrit des lettres à mes amis, et de tout cela il ne me reste plus rien bien sûr...même les amis je les ai perdus ! Mais je ne veux ni me plaindre, ni  pleurnicher. Je ne fais que te décrire ce qui s'est passé.

Tard ou tôt.
Les mots défilent sur l'écran au moment de se coucher.
Je fais des phrases, des bulles, des rêves.
Seul dans la nuit.
J'écris, je n'invente rien.
Avant de m'abandonner au sommeil.
Journée bien remplie jusqu'au bout.
Rien n'est à moi, je sais.
Surtout pas les mots.
Tout est en location ici.
Et il faudra tout rendre.
Ne pas l'oublier.
Trop facile d'oublier.
Dans la nuit on est vraiment face à soi même.
C'est un bon moment pour écrire.
Sans prétention.
Sinon l'orgueil nous tue.
En nous coupant du monde.
Des autres.
Continuer à apprendre, perséverer.
Jours et nuits.
S'ouvrir au monde et à l'amour.
Accepter ce qui est.
Vivre.

-  Tu ne sais pas où tu en es, mon vieux. Tu changes encore de titre de blog ?
-  T'as raison...disons que je me cherche...c'est pas nouveau...
-  Et là, tu t'es trouvé ?
-  J'ai trouvé un nouveau titre de blog, c'est déjà bien...je trouvais ce nothing un peu gênant...
-  Bon...Souhaitons que celui là tienne le coup...

   L'impermanence étant pour nous synonyme d'angoisse, nous nous cramponnons aux choses avec l'énergie du désespoir, bien que tout soit pourtant voué au changement. L'idée de lâcher prise nous terrifie mais, en réalité, c'est le fait même de vivre qui nous terrifie car apprendre à vivre, c'est apprendre à lâcher prise. Telles sont la tragédie et l'ironie de notre lutte incessante en vue de nous emparer de toute chose : cela non seulement est impossible, mais engendre la souffrance même que nous cherchons à éviter.

Sogyal Rinpoché. "Le livre tibétain de la vie et de la mort".

    Si nous examinons notre vie, nous verrons clairement que nous accumulons, pour la remplir, un nombre considérable de tâches sans importance et quantité de prétendues "responsabilités". Un maître compare cela à "faire le ménage en rêve". Nous nous disons que nous voulons consacrer du temps aux choses importantes de la vie, mais ce temps, nous ne le trouvons jamais. [...] Impuissants, nous voyons nos journées se remplir de coups de téléphone, de projets insignifiants ; nous avons tant de responsabilités...Ne devrions nous pas dire plutôt d' " irresponsabilités " ?
    C'est notre vie qui semble nous vivre, nous porter et posséder sa propre dynamique étrange. En fin de compte tout choix et tout contrôle semblent nous échapper. [...]
    Cela me rappelle ce que disait le saint indien Ramakrishna à l'un de ses disciples : " Si tu vouais à la pratique spirituelle le dixième du temps que tu consacres à des distractions telles que courtiser les femmes ou gagner de l'argent, tu obtiendrais l'éveil en quelques années ! "

Sogyal Rinpoché. "Le livre tibétain de la vie et de la mort".